Film :Derek Jarman : Glittebug. 1993

Un collage des séquences super 8, films personnels de « Derek Jarma »n couvrant plus de 20 ans et dont le montage raconte sa vie. "Glitterbug" de « Derek Jarman » est un complément parfait à "Blue", clôturant de manière satisfaisante le travail cinématographique du regretté cinéaste iconoclaste anglais. Il est sorti à titre posthume. Car en réalité il s’agit un hommage affectueux à Derek Jarman assemblé à titre posthume par des amis (Le réalisateur associé « David Lewis » et le monteur « Andy Crabb » ) à partir de ses tournages prolifiques d'événements quotidiens et de ses enquêtes expérimentales sur le format. Ce montage fluide de séquences Super 8 de « Jarma »n fusionnées avec une musique multi texturée de Brian Eno constitue un voyage à couper le souffle dans les films du réalisateur, ses amis et ses terrains de prédilection. Le film mélange le monochrome et la couleur, le personnel avec le professionnel et l'observation avec l'expérimental. Ainsi, des images d'un amant se rasant ou prenant son petit-déjeuner côtoient joyeusement des images accélérées d'une journée d'activité dans le studio de « Jarman », des moments plus légers sur les tournages de « Sebastiane » et « Jubilee », une escapade ludique dans un jardin de campagne, un groupe d'imitatrices se préparant pour un défilé de mode, des aperçus des « Sex Pistols » et de « William Burrougs », et des clichés persistants des corps et des visages de jeunes hommes bien toniques. Et ce n'est qu'un échantillon. Quelquefois, « Jarman » lui-même apparaît devant l'objectif, recevant une nouvelle caméra en cadeau ou se faisant couper les cheveux jusqu'à la coupe qui définissait en partie son look de fin de carrière. La continuité est assurée aux images disparates par la partition hypnotique et hallucinatoire de Brian Eno, qui change de ton et d'ambiance pour compléter parfaitement et parfois contrepointer les visuels.
Les photographies vibrantes de « Jarman » combinées à des découpages dynamiques révèlent des aperçus de sa vie picaresque, des rues de Londres à la campagne espagnole, avec des visions de danses, de performances, de moments intimes et d'observations tranquilles. Les responsables de la BBC ont ajouté des sous-titres pour identifier l'heure, le lieu et les personnes apparaissant à l'écran avant la diffusion du film en mars, peu après la mort de « Jarman ». La version définitive, cependant, ne contient aucun commentaire en dehors de la musique d'Eno. La pertinence du film comme héritage d'adieu découle de la nature intime du format du journal vidéo et de sa chronique affectueuse du monde de « Jarman » avant sa dissolution progressive par les ravages du SIDA. L’un est totalement dépourvu d’images tandis que l’autre est dépourvu de mots. L’un est une création techno immaculée conçue pour abriter toute une vie de réflexions, l’autre est un mémoire lyrique libre façonné à partir d’ images antérieures au premier long métrage de « Jarman » de 1976, « Sebastiane ». Des scènes de tournage de ce film ainsi que de « Jubilee » sont aperçues. Le premier véhicule de manière amusante un climat de créativité non-conformiste et de sexualité sereine ; ce dernier récapitule l'avènement du punk, notamment en tant que phénomène londonien. Malgré les escapades en Italie, en Espagne et dans la campagne anglaise, Londres reste un facteur omniprésent dans « Glitterbug ». Le film capture avec éloquence la présence physique de la ville, des scènes maussades et grises de la Tamise aux parcs et jardins ordonnés en passant par les lotissements extrêmement laids. Il revient sur l'époque des fêtes, de la drogue et du drag avant le sida, illustrée par des images glamour du concours Alternative Miss Monde d'Andrew Logan.
Les séquences avec la muse de longue date « Tilda « (oscarisée pour « Michael Clayto »n et « Grand Budapast Hotel » ) alors qu'elle se promène timidement dans les jardins, son interaction joyeuse et intime avec la caméra sont particulièrement touchantes. Le montage fluide de « Crabb » exploite habilement les limites techniques du Super 8, en utilisant le manque de définition occasionnel pour créer l'illusion d'images se fondant les unes dans les autres. La qualité de l'agrandissement est bonne compte tenu de l'origine des images. Sur une musique fascinante de Brian Eno, GLITTERBUG forme un contrepoint plein d'espoir au déchirant BLUE et commémore à la fois la vie exemplaire de « Jarman » en tant qu'icône gay et sa vision artistique unique. Un joli petit album kaléidoscopique. Il n'a pas vraiment de récit ou de structure, mais cela ne l'empêche pas d'être assez intéressant. « Glitterbug » est un chant du cygne éclairant et émouvant d’un des plus étonnants cinéastes anglais.
(Ce texte se fonde en partie sur ma traduction d’un article de "Variety". Je vous laisse un lien pour voir le film: https://archive.org/details/glitterbugderekjarman1994 À l’achat GLITTERBUG est disponible dans le coffret "Derek Jarman" « GLITTERBOX » qui comprend également THE ANGELIC CONVERSATION (1984), CARAVAGGIO (1986), WITTGENSTEIN (1992) et BLUE (1993). #henrimesquida #cinemaetlitteraturegay

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