Film :Jean-Claude Monod : Un jour fille. 2024.

XVIIIe siècle. Anne, grandie fille, doit "changer d'habit" en raison de son attirance pour les femmes. Anne (Marie Toscan du Plantier )est née en 1742 avec des organes génitaux féminins et masculins. L’enfant grandit au couvent puis, à l’adolescence, se voit demander de porter des habits d’homme…. Devenue homme, il se marie mais est bientôt condamné comme profanateur du mariage. L'histoire vraie (qui nous est parvenue grâce au mémoire de l’avocat que « Michel Foucault » a étudié dans son histoire de la sexualité́) et bouleversante d'Anne Grandjean, née intersexe, et de son procès retentissant, qui interroge encore aujourd'hui toutes nos certitudes. Il n’y a, on s’en doute, pas de hasard dans le fait que le réalisateur s’intéresse à cette période très féconde en matière philosophique avec les fameuses Lumières de la pensée, là où paradoxalement l’homosexualité, l’hermaphrodisme étaient sévèrement réprimés, jusque la peine de mort pour certains. En ce sens, Un jour fille est un film très actuel, très contemporain dans ses intentions, dans une période où jamais la question des identités sociales, culturelles ou sexuelles n’a été autant présente au cœur des débats. Note d'intention de Jean-Claude Monod : J’ai découvert l’histoire d’Anne Grandjean à travers une rapide évocation qu’en fait Michel Foucault dans son cours au Collège de France, « Les Anormaux », qui a piqué ma curiosité́. J’ai cherché et trouvé le Mémoire de l’avocat qui, en 1765, avait plaidé pour Anne Grandjean en appel, et qui a pour ce faire reconstitué sa vie. Cette histoire m’a aussitôt fasciné. « Notre parti-pris a été́ d’éviter deux facilités : faire de cette histoire un mélodrame, et faire de son personnage principal un rebelle. Anne / Jean- Baptiste est certes bouleversé(e) par les transformations qu’on lui impose mais elle ne peut d’abord y opposer (devant son père) que ses larmes, puis (face à l’hostilité́ du village) la fuite. Elle-il évolue cependant, proteste contre le sort qui lui est fait lors du procès, fait appel... Une violence s’abat certes régulièrement sur le personnage mais le récit qui est « sauvé » ou relancé par un certain optimisme des Lumières, incarné in fine par l’avocat Vermeil. ».
« Jean-Claude Monod dresse un film très habité d’éthique et de philosophie morale tout en valorisant le parcours proprement romanesque d’Anne Grandjean. La jeune femme fait montre d’une détermination au bonheur extraordinaire, tout en tentant de faire avec ce qu’on appelle aujourd’hui l’intersexualité. Elle refuse les discours politiques sur le sujet, son ambition principale étant de vivre son amour pour son épouse et gagner dignement sa vie en tant que couturière. Malgré elle, elle devient Jean-Baptiste Grandjean, ce qui lui donne le droit au mariage. Le nouvel homme s’adonne au théâtre, où il découvre les œuvres de Marivaux entre autres, qui valorisaient déjà le travestissement. » (À voir À Lire). Marie Toscan brille dance rôle et si l’on perçoit nettement l’ économie des moyens par rapport à aux habituelles productions de cette envergure, la gestion de ce minimalisme des décors, des costumes, de l’écriture ou du jeux des acteurs est assez habile pour que ce ne soit en rien préjudiciable à cette œuvre ambitieuse et généreuse. « Le destin tragique d’Anne Grandjean rappelle avec force que le moralisme n’est jamais loin dans la façon dont une société aborde la question de la différence. Plus que jamais, le long-métrage nous enjoint de nous plonger dans les lectures de Voltaire, Montesquieu ou, plus en amont, les pièces de Molière ou Marivaux qui, déjà en leur temps, posaient avec force la question sensible des genres et des libertés publiques ». (À voir , À lire). #henrimesquida #cinemaetlitteraturegay

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