Julien Green : Journal intégral. tome I (1919-1940)

Cette première partie va de 1919 au départ de Green, en 1940, pour les Etats-Unis pour fuir la guerre. Œuvre monumentale (ce premier tome dépasse déjà les 1200 pages…) qui couvre soixante-dix ans de la vie de l'écrivain, le Journal de Julien Green n'avait pourtant jamais été publié dans sa version intégrale et définitive. L'auteur en avait délibérément écarté les pages les plus intimes, l'évocation de sa vie amoureuse et certains portraits littéraires dans lesquels il livrait une opinion sans fard sur quelques-uns de ses pairs. Jugeant impubliable de son vivant cette " confession qui rétablissait la vérité " et où l'on saurait " tout " de lui, selon sa formule, Julien Green s'est cependant toujours montré favorable à l'idée que cet ensemble soit exhumé le moment venu par ses héritiers, leur laissant le choix d'en décider en fonction des instructions qu'il leur avait laissées. C'est chose faite aujourd'hui, grâce à cette édition conçue à partir des manuscrits originaux par Guillaume Fau, Alexandre de Vitry et Tristan de Lafond. Entre préoccupations métaphysiques et notations relatives à son travail de créateur, le grand romancier catholique, porté par une exaltation incessante de la jeunesse et de la beauté, livre ici, avec une sincérité sans détour et de la façon souvent la plus crue, le récit de ses rencontres et aventures homosexuelles, de ses rapports avec des amants de passage comme avec son compagnon de l'époque, Robert de Saint Jean. Julien Green n'ignorait pas que ces pages restées longtemps confidentielles pourraient surprendre, voire scandaliser, le jour où elles seraient révélées. Mais il tenait les exigences de la chair pour indissociables de celles de l'esprit : une conviction qu'il ne cesse d'illustrer à travers cette magnifique célébration du désir et de la passion. Son " journal complet ", comme il le qualifiait, offre ainsi une approche plus authentique de sa vie comme de l'ensemble de son œuvre. Attention : L’érotomane ne se confesse pas : il s’affirme sans fards. "Julien Green", «grand romancier catholique» toujours tiré à quatre épingles, l'auteur de "Moïra" et d'"Adrienne Mesurat", mort en 1998 à 98 ans. On le savait homosexuel ; on ignorait à quel point." Mais ça c'était avant la sortie de ce journal intégral puisque jusque là tout ce qui était lié à l'homosexualité était resté dans l'ombre, autant dire les trois quart de ces quatre mille et quelques pages. En 75 il était déjà dans la pléiade (l'auteur encore vivant). Et c'était déjà clair, précis et sans complaisances une recherche pour arrête le temps(comme Proust mais différemment).Mais les pages autocensurés étaient bel et bien écrites et bien protégées. En 31 quand il avait commencé à les publier la version "intégral" 'comme dans nu intégral) n'était assurément pas publiable. Le sexe obsède Green, du moins en ces années-là. Il semble avoir du mal à vivre une demi-journée sans désirer, sans draguer. Il décrit avec autant de netteté ce qu'il convoite, ce qu'il prend, ce qu'on lui raconte, dans ce monde homosexuel parallèle qui, à mesure qu'on avance dans la lecture, rappelle de plus en plus la Sodome (sans Gomorrhe) dévoilée par Proust. On suit l'homme et ses amis, Gide, Lacretelle et tant d'autres, comme le narrateur surprend le baron de Charlus : dans les rues, les pissotières, les hôtels, les jardins du Trocadéro, les domiciles, les bordels masculins, les plages d'Hammamet (où Gide s'étend à poil pour attirer le chaland), les rues de Rome, les bordels de Savannah, avec les marins, les gitans, les prostitués, les Arabes («Le nègre me répugne un peu», c'est peut-être le fils de famille sudiste qui parle, celui que la rencontre de «nègres intellectuels» à New York horrifie), et naturellement les médecins, tant la moindre tache sur le gland l'inquiète. Ce qu'on n'appelait pas encore la pédophilie est fréquent : Green préfère les hommes, mais il raconte ceux qui se tapent des gosses, et il le fait avec la même rigueur sarcastique, la même distance. On en apprends du coup un peu plus sur Gide, Klaus Man, Roger Martin du Gard, François Mauriac, Montherlant, Morand … "Green" s'observe et observe les autres avec le même regard implacable et ne laisse rien passer avec son écriture soignée, précise, terriblement juste. Du coup, comme se le demandait François Huguenin dans l’hebdomadaire La Vie, « fallait-il publier le Journal intégral de Julien Green ? ». OUI. Mais bon il n'y parle que de sexe il y a aussi son amitié avec "Gide" qui avec des hauts et des bas est passionnante, sa conversion au catholicisme à 16 ans, un catholicisme presque fanatique, puis évidemment son éloignement de cette église qui ne fait pourtant pas de lui un athée: Julien Green partit d’une religion de la rigueur et de la peur pour parvenir jusqu’à une religion fondée sur l’amour, qu’il partit d’un Dieu devant qui il fallait trembler pour parvenir jusqu’à un Dieu de miséricorde, et que ce chemin se fit en passant par une frénésie immodérée des passions charnelles. Et entre deux parties bien érotiques ces pages "
nous emmènent dans le sillage d’un écrivain qui nous parle de ses difficultés de création et de ses lectures; c’est aussi un amateur d’art qui va au Louvre presque tous les jours et fréquente beaucoup d’expositions; c’est un mélomane qui va souvent au concert; c’est aussi un critique de théâtre ou de cinéma; bref avec lui on suit toute la vie littéraire et artistique de son temps. Il nous fait part aussi de ses voyages. Mais les grands problèmes du moment ne sont évoqués que très succinctement : le fascisme, le nazisme, la crise des années trente, la guerre d’Espagne... Enfin je voudrais dire que je trouve beau et admirable que ce très grand prosateur ne trouve pratiquement jamais ces mots quand il parle du grand amour de sa vie, Robert de Saint Jean. Il se encontrent e,n 91924 et forme nt un couple amoureux et libre (et pâs du tout platonique comme on l'avait cru jusqu'à la publication de ce journal intégral) et resteront très liés pendant 60 ans. Greeen ne parvient pas à décrire son amour. Mais tout le temps,, pratiquement à chaque entrée de son journal il pense à lui et dit juste qu'il l'aime.

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