Christophe Garro m'a fait le plaisir de m'accorder une entrevue pendant laquelle nous avons pu discuter de son parcours artistique et de son dernier roman. Je vous livre ici la chronique de cet entretien :
Christophe Garro qui travaille pour Le Bon Marché rive gauche est attiré par le théâtre et s’inscrit à « l’atelier Alternatif » ou il sera acteur de 2009 à 2014.
Puis il passe à la mise en scène avec l’adaptation du superbe roman « deux garçons la mer » de l’Irlandais « Jamie O’Neall » réputé inadaptable qu’il créé au théâtre de « la Jonquière » à paris. C’est un joli succès : 45 représentations aux théâtres de la Jonquière, Auguste Théâtre, Théâtre Clavel et théâtre des Déchargeurs entre 2014 et 2015. Il aura même l’occasion de rencontrer l’auteur en Irlande avec tout son équipe, moment dont il parle avec émotion.
Après ce succès il décide d’écrire une pièce plus personnelle : Ce sera « cold Water » qui marche moins bien. C’est encore en Irlande.
« Un huis-clos propice aux aveux, inspiré de Woody Allen et de Bergman ». Mais le succès n’est pas au rendez-vous.
Qu’à cela ne tienne Christophe décide de se lancer dans le roman : Son premier roman « Tybalt et Mercutio » paraît en 2017. Il s’agit d’une histoire en grand partie autobiographique, d’un grand amour destructeur) : Les deux personnages principaux sont deux comédiens qui se rencontrent sur une production de Roméo et Juliette, évidemment.
En 2019, il signe l’adaptation française et la mise en scène de la pièce « 5 Guys Chillin' »de « Peter darney » qui traite du Chemsex et qui est largement soutenu par l’ensemble es acteurs concernés (Aides, le Spot Beaumarchais, le COREVIH Ile-de-France, la SFLS et le laboratoire VIIV Healthcare,) et dont la thématique au cœur de problématiques actuelles a permis des échanges avec de nombreux médecins, addictologues, infirmiers lors de représentations événementielles à Paris mais aussi à Nice, Toulouse et dans d'autres villes de France.
Pendant la période du confinement Christophe écrit un texte qui est une sorte de journal de confinement « la vie d’avant » publié courant 2021 par chapitre chaque semaine sur le blog de son site
Puis une nouvelle pièce ce théâtre (deux versions en anglais et en français) :
« Roger, l’incorrigible Irlandais » sur « Roger Casement », diplomate et humanitaire gay du début du XXe siècle, héros de la libération de l'Irlande. Personnage qui a déjà intéressé le grand "Mario Vargas llosa » dans son « le rêve du celte » en 2010 et "François Reynaert" dans « Roger, héros, traître et sodomite ».
Puis en 2022 Christophe signe son second roman « Le chant du moineau sous la neige ». :
« New York, la cosmopolite. Jérémie, le Français y rencontre Jeremy, l’Américain. Entre eux, l’attirance est immédiate, les sentiments fulgurants. Très vite, l’envie de vivre ensemble, de construire et de partager les amène à s’installer dans une routine confortable, peut-être un peu trop sage pour le jeune couple.
New York, la tentatrice. Leur amour est à l’épreuve, mais leur confiance solide. Suffisamment pour profiter de l’ivresse de l’époque, la nôtre, celle des applis de rencontres, des drogues et du sexe à plusieurs.
New York, l’excessive. Les deux garçons s’enivrent dans le chemsex, jusqu’à l’excès et la perte. Celle de soi, d’un proche et de leur amour.
À moins que… »
Sur une base autobiographique qui correspond au tout début du roman, la rencontre un peu glauque dans une « back room à New-York- de deux garçons portant le même prénom (Jeremy et jérémie) un français qui vient d’arriver et Un Newyorkais qui se transforme néanmoins assez vite en histoire d’amour romantique. (Comme dans Théo et Hugo sont dans un bateau m’a signalé justement Christophe).
Donc assez vite du roman M/M, « deux hommes qui s’aiment et qui sont heureux. Cela vend du rêve. On voudrait avoir une relation comme eux, une relation basée sur la confiance et l’amour, sur le fait qu’ils s’aiment et qu’ils ne doutent de rien. » C’est romantique et les références à la culture gay sont amusantes (A le concert de Streisand…je m’y serai cru et j’aurais été dans le même état que nos deux protagonistes) : Cher, Priscilla folle du désert, les gay Pride…
Mais à ce moment de l’écriture Christophe a perdu un être cher emporté par le Chemsex.
Et c’est à partir de là qu’évolue l’histoire des deux jérémi(y)s qui ne peuvent se contenter de leur amour romantique pour se sentir vivants. Ils ont besoin de plus et choisissent de s’ouvrir à d’autres partenaires en se protégeant avec la PrEP . Malheureusement ils sont peu à peu entraînés dans le chemsex. Ils vont commencer à sombrer dans la désocialisation et la perte du désir sexuel puis du désir tout court ? C’est du coup très réaliste et parfaitement crédible : on voit, on ressent comment ils en sont arrivés là et pourquoi ils ont autant de mal à s’en défaire. On comprend ce qu’il se passe et on assiste à la destruction qui commence à petit feu et qui ne fait que s'étendre. Christophe « dresse un tableau assez complet des dangers du chemsex qui bien que brillant sur le papier peut s'avérer très sombre ... »
Leur amour s’en sortira-il quand même ? Leurs amis communs dont certains sont tombés dans le même piège y arriveront-ils aussi ? Car de beau drame romantique possède aussi une petite galerie de personnages secondaires très attachants et aux quels Christophe Garro apporte un soin tout aussi fort qu’à son couple principal.
Le roman, à l’écriture aussi travaillé que fluide, est parfaitement découpé en trois parties, trois phases : L’amour. La drogue … et quoi, après ?
Il s’agir de bien plus qu’un témoignage. C’est un roman profond qui rappelle que la vie n’est pas parfaite, que l’Homme n’est pas parfait, que nous faisons tous des erreurs. Tout cela étant dit sans le moindre effet culpabilisant.
Christophe Garro nous offre un beau roman d’amour, de désamour, de destruction mais aussi de partage, de renouveau et finalement de pardon et d’acceptation. Et Même d’espoir…
Editions HARO (dans le sud-ouest).
Disponible sur le site : https://www.christophegarro.com/ (et dans certaines librairies).
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