Yves Rozier m'a accordé un entretien littéraire pour parler de son roman
Aujourd'hui je vous en propose une chronique :
Une enfance à Nice, une scolarité classique, un parcours professionnel ouvert sur des horizons et domaines divers : la banque, la cuisine, et l’agriculture. Aujourd’hui hypnothérapeute, Yves Rozier vit près de Montpellier. La lecture et l’écriture nourrissent son existence et sa pratique thérapeutique.
Seth est un enfant roux ballotté entre la ville du bord de mer et le village des grands-parents. Du fait de son prénom déroutant et de la couleur de ses cheveux, il ne se sent pas à sa place. Il rêve de partir enfin à la poursuite d'un garçon-sirène. Devenu adulte on le suit au travers de ses rencontres, ses amours, ses tragédies avec en bruit de fond la présence du SIDA.
Nous suivons donc Seth sur pratiquement 60 années. Nous le rencontrons alors qu’il n’est encore qu’un enfant avec ses espoirs, ses envies, ses chagrins. Une enfance difficile avec des parents peu aimants qui lui ont donné ce prénom qu’il trouve importable. Puis nous passons du temps avec lui et le voyons vieillir au fur et à mesure des chapitres (qui ne sont pas tous linéaires), passant de gamin à ado, puis devenant adulte pour enfin le retrouver avec les cheveux gris.
Cette avancée du temps, Yves Rozier la fait rythmer en donnant des dates et références clés de tout ce qui touche au Sida, des évènements importants, des décès de célébrités, des progrès médicaux, des références cinématographiques sur une quarantaine d’années.
Seth ce garçon roux, et donc déjà différent dès sa naissance et qui ne peut donc pas passer inaperçu, est très attachant, on aurait envie de l’aider, de le protéger, de le conseiller, de lui expliquer qu’il doit suivre son propre chemin plutôt que celui qui semble évident aux autres. Les chapitres qui ont trait à l’enfance et à l’adolescence de Seth sont assez déchirants et les descriptions rassurantes de détails quotidiens contrastent avec le vertige et la force des émotions, mais la plume de l’auteur sait rester légère et on ne sombre jamais dans le pathos.
Seth adulte va finir par trouver l’amour ailleurs que dans sa ville chérie de Nice de l’autre côté de la France, mais évidemment près de l’Océan. Un bonheur qui durera quelques années mais qu’un drame va venir bouleverser.
Cette quête vers sa propre liberté de choisir et de s’accepter tel qu’il est, est symbolisée par sa quête et son désir à chaque fois renouvelé de voir sortir des flots (très présents pendant tout le roman) sa chimère océanique, un garçon sirène. Ce qui nous vaut de beaux passages poétiques : Yves Rozier a un don pour donner vie en deux mots aux objets, aux paysages, aux animaux, aux astres, aux vagues, aux êtres marins ou célestes, pour leur prêter sentiments et comportements. Beaucoup de poésie donc et des images qui restent.
Seth rencontrera-il enfin ce garçon sirène qui pourrait peut-être enfin soulager son fardeau et lui apporter la paix, celle du corps, celle du cœur, celle de l’âme ?
J'ai beaucoup apprécié : La plume de l'auteur est fluide et délectable, pleine de poésie, ses mots sont percutants, l’écriture est envoûtante comme le chant des sirènes. Les larmes à l'orée des yeux, le lecteur va voyager, sentir et découvrir au fil des pages toute une palette d'émotions fortes.
On referme le livre avec délicatesse, des images plein la tête, on le laisse un temps à portée de main voyant encore la crinière flamboyante de Seth flotter au vent du haut de son phare.
#henrimesquida #cinemaetlitteraturegay
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