Film : Saint Narcisse de Bruce Labruce

10 avril 2022 Vu il y a peu. Dans les années 1970, à la mort de sa grand-mère, le jeune, beau et narcissique Dominic trouve des lettres qui contredisent la version selon laquelle sa mère serait morte en couches. S’ensuit sa quête pour la retrouver vivante, habitant au fond des bois avec la jeune et mystérieuse Irène. Des liens étranges et forts se nouent entre ces trois-là, mais les découvertes de Dominic ne s’arrêtent pas en si bon chemin puisqu’il découvre aussi qu’il a un frère jumeau identique, Daniel, prisonnier d’un monastère et surtout des griffes d’un prêtre qui ne lui veut pas que du bien. Lorsque Dominic et Daniel se retrouvent face à face, le narcissisme de l’un trouve résonance dans le besoin de reconnaissance de l’autre. Ce que j'en pense : Le voyou (ou saint?) et hédoniste Bruce Labruce lance ces fléchettes critiques contre les institutions qu'il méprise de façon surprenante, à base de fétichisme érotique clair pour tout avec son attirail de toges d'icônes et autres religiosités. Pour Labruce les institutions religieuses sont une usine à orgies venue pervertir nos yeux et nos cerveaux .C'est l'idée centrale du film avec la gémellité. J'ai pensé aux météores de Tournier). Pour La Bruce, le monastère constitue un cadre parfait pour défier à la morale chrétienne, et paradoxalement ce monde qu'il dénonce ,est aussi le lieu de son fantasme érotique. Il utilise l'iconographie des Christs et des martyrs aux corps sculpturaux, ainsi que leurs contorsions, résultat de l'expression de la douleur dans ces œuvres (par exemple un certain élan de poésie visuelle dans le Saint Sébastien fléché, mais aussi deux «David» de Michel-Ange et Donatello séparés mais jumeaux.). Même désir érotique pour le canon esthétique de la Grèce classique et son mythe du Narcisse amoureux de lui même, dans lequel s'intègre parfaitement le protagoniste apollinien, Félix-Antoine Duval, qui joue les deux "narcisses" séparés par un complot incestueux. Dans ce film comme dans (Gerontophilia) Le cinéaste canadien se veut plus esthétique et précieux (que dans ces autres films dont il tournait des versions X rated porno pour le amateurs) dans le bucolique des paysages et la recréation des scènes de baignade assez picturales, mais qui en restent au simple décor. Une phrase de dialogue très réussie pour saisir l'essence de ce film serait le "Dieu vit dans la beauté" prononcé par le méchant de cette histoire, quelqu'un a priori puissant, qui s'avère être l'esclave de cette fixation. Mais on ne se refait pas, ça va fort dans l'irrévérencieux, ici je te la mets ici je te l'agite... Bruce est un "sale" anarchiste, sans limites ni barrières. Pour lui, tout est pénétrable (tout ce qui est adulte en tout cas et il invite son public à profiter sans chichi de tout ce qui est orgiaque —aussi absurde que cela puisse paraître— par moments (la scène finale est ridicule). Nous parlons d'une personne qui a filmé du porno gay avec des zombies avec abats humains et érections..... Bien que l'orientation prédominante soit gay, comme il La Bruce l'a exprimé dans sa présentation de l'œuvre pour le 53 "Sitges" Festival,on y trouvera "des jumeaux, un prêtre fou, des lesbiennes vivant dans la forêt, du cuir, des motards... un peu pour tout le monde. Dommage quand même que certains acteurs jouent mal, que certains dialogues dénotent et qu'il y ait quand même un bon lot d'absurdités... Henri Mesquida Jr.Cinéma et littérature Gay

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Film : « De noche los gatos son pardos » film suisse OFNI de « Valentin Mertz ». 2022.

Lonsam Studio photo gay japon

Film : « Stranizza d'amuri » de « Giuseppe Fiorello ». 2023.