Prix du roman Gay catégorie roman noir 2023.
Prix du roman Gay catégorie maison d’édition 2023.
J’avais eu le plaisir de lire ce roman envoyé par sa maison d’édition (YBY éditions) il y a quelque temps. Aussi j’avais regretté que Hétonque n’ait pas pu venir à la cérémonie de remise du prix du roman Gay. Mais il a eu la gentillesse de m’accorder un entretien littéraire téléphonique qui me permet aujourd’hui de vous proposer cette chronique.
Hétonque, 29 ans, qui est né dans l’est de la France et qui a vécu quelques années une vie collective et militante, a plus d’une corde à son arc : violoniste, il a fini par choisir de jouer de la nyckelharpa, instrument de musique traditionnel à cordes frottées d'origine suédoise. Puis, attiré par le stand-up, il finit par s’installer à Paris en 2019 pour devenir humoriste. Il est tout aussi intéressé par l’écriture qu’il pratique depuis toujours. Ses thèmes de prédilection incluent la fiction et ses liens avec la réalité, les normativités et exclusions, les récits minoritaires, le deuil et le manque affectif.
Hétonque a publié trois nouvelles :
Compte à rebours dans le recueil Faux-semblants, 2020, YBY éditions
Larme de chance dans la revue franco-anglaise Fantasy art and studies, 2021, éditions Les Têtes de l’Imaginaire
Remote Control dans la revue AOC n°70, 2023, club Présences d’esprits.
En 2022, il publie le roman Muscle roi, format plus long mais pas trop. Hétonque raconte volontiers que sa tendance naturelle le pousse à écrire des longs formats mais qu’il a préféré ici s’en tenir à l’essentiel.
Le point de départ de cette novella lui est venu un jour où il réfléchissait au formatage des thrillers classiques et à leur normativité : héros masculins et virils, victimes féminines, jeunes, belles et blondes qui crient et ne savent pas trop se défendre. Mais que se passerait-il, s’est-il demandé, si, pour changer, les victimes dans un roman étaient des hommes très musclés ? D’où le choix du lieu, un club de sport.
L’histoire se déroule dans les années 2000. On y suit Jérémie, un journaliste pour une revue homosexuelle, Murmure, qui essaie de lutter contre l’homophobie et de promouvoir des figures homosexuelles dans ses pages. Jérémie est chargé par sa rédactrice en chef d’interviewer Mathias Bergy, un haltérophile prometteur. L’entretien se déroule à l’Olympus club où Mathias s’entraîne, et qui se trouve être aussi le lieu de travail du petit ami de Jérémie.
Peu après, Mathias disparaît. À partir de là, les choses vont assez mal tourner pour notre reporter, enquêteur forcé, qui va devoir couvrir l’affaire et côtoyer de bien plus près qu’il ne le voudrait ce monde sportif où le muscle est roi, empli de jalousies, de mépris et d’humiliations.
Avec ce roman, Hétonque veut nous distraire, certes, mais aussi passer un message sur le regard que les autres peuvent avoir sur nos corps. Les normes de beauté font triompher le muscle et la jeunesse, formatant ainsi nos désirs et nous y enfermant.
Le ton assez léger du début se transforme au fur et à mesure que les personnages prennent de l’épaisseur, pour finir sur une fin profonde où se mêlent drame intime et détresse psychologique, et où la thématique de la fétichisation du corps parfait prend tout son sens. Mais si l’histoire devient plus sombre, l’écriture ne perd jamais ni de sa fluidité ni de sa subtilité
La résolution finale en surprendra plus d’un !
Le livre est publié chez YBY, maison d’édition queer et inclusive qui a à cœur de montrer la diversité des expériences humaines, de parler de personnages différents tant au niveau psychologique que physique. Hétonque revient volontiers sur la bienveillance de l’équipe de bénévoles qui y participent.
Notre auteur ne compte pas s’arrêter en si bon chemin ; il travaille déjà à d’autre projets finalisés ou encore plus ou moins en gestation. Par exemple son roman Nos contours, lauréat du concours de manuscrits Les Murmures Littéraires en 2023. Ou encore des romans sur le réchauffement climatique et sur l’inégalité des avancées des droits LGBTQI+ à travers le monde.
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